A l'occasion de la
venue de José Vázquez et
de son ensemble "Orpheon" aux "Journées Marais" (28
/ 29 / 30 avril 2001), organisées par les "Festes de Thalie" dans
le cadre somptueux du
Château de Thoiry nous
vous faisons partager la passion de ce musicien exceptionnel
pour la Viole de Gambe.
EdV :
José, pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
J.V :
Je suis né à Cuba où j'ai partagé mon enfance entre la jungle
subtropicale (j'y ai construit mon premier arc, "bow" en Anglais)...
et l' "English school of St. George" (Havane) où mes parents,
ophtalmologistes, m'avaient inscrit. Les tribulations de la
Révolution Cubaine nous ont conduits lors de mon dixième anniversaire à nous établir à Chicago,
où j'ai suivi des études secondaires en rajoutant d'autres "cordes" à mon
arc par l'apprentissage de l'Allemand et du violon. Passionné par
les maîtres du baroque, j'ai très tôt formé des ensembles avec
lesquels nous abordions les concertos Brandebourgeois, Vivaldi,
Haendel, Corelli...
EdV :
Racontez-nous votre rencontre avec la Viole de Gambe...
J.V :
Incidemment, au cours de recherches sur l'histoire du violon,
j'ai découvert l'existence de la Viole de Gambe et la richesse
de son répertoire, notamment la musique de Consort. J'ai pu
acquérir ma première viole juste avant d'entrer à l'Université (pour
des études de biologie), la difficulté étant de trouver un
professeur à Chicago en 1969 ! J'ai ainsi parcouru la région
entière à la recherche de violistes (seize environ), aucun
ne se sentant capable d'enseigner la pratique de l'instrument...
Néanmoins, l'un d'eux, le très réputé Howard Meyer Brown, musicologue,
m'invita à rejoindre le Collegium Musicum de l'Université de
Chicago où j'ai pu jouer un vaste répertoire pendant quatre
ans. En parallèle, je suivais régulièrement l'enseignement
de la viole au cours des stages d'été de l'Oberlin baroque
Performance Institute avec Catharina Meints et August Wenzinger.
EdV :
Comment êtes-vous arrivé à Vienne ?
J.V :
C'est une longue histoire, qui passe par l'Espagne, puis la
Suisse ! En 1974, j'ai quitté les Etats-Unis pour l'Espagne,
le pays de mes grands-parents; j'y ai continué des études à l'Université de
Madrid. Très vite, j'ai rejoint des ensembles de musique ancienne
avec lesquels nous parcourions l'Espagne
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pour
des concerts. L'année suivante, j'ai pris la décision de partir
pour Bâle suivre l'enseignement de la très renommée Hannelore
Mueller. J'ai travaillé comme un forcené : quatre à six heures
par jour de technique intensive pendant trois ans.En parallèle,
mon 2 intérêt pour la peinture et l'histoire m'a conduit à fonder
une série de concerts au Musée des Arts de Bâle, combinant ainsi
les arts picturaux et la musique de l'époque. J'enseigne encore
aujourd'hui la pratique instrumentale, notamment en Consort,
au Conservatoire de musique de Winterthur (Suisse) que j'avais
rejoint en 1980. Le réseau de violistes que j'ai pu établir en
Suisse mais aussi dans les pays environnants a favorisé l'éclosion
de ce qui est maintenant la "Société de Viole de Gambe Allemande,
Suisse et Autrichienne". Depuis 1982, j'occupe également le poste
de Professeur de Viole de Gambe à l'Académie de Musique (Hochschule)
de Vienne, poste précédemment occupé par le Professeur Wenzinger.
EdV :
Parlez-nous d' "Orpheon"...
J.V : "Orpheon" est
né de l'idée que les instruments anciens doivent être joués,
ne pas rester cloîtrés dans les musées, réduits au silence
derrière une vitrine ! J'ai constitué au fil des années une
vaste collection d'instruments anciens, dont une vingtaine
de violes, que j'ai systématiquement fait restaurer, dans leurs
conditions d'origine, afin qu'ils puissent être joués. "Orpheon" a
pour but, autour de ces instruments, de maintenir tout en développant
cette collection, d'entretenir une activité musicale au travers
de concerts et d'enregistrements.
EdV :
C'est exactement ce que vous faites ici à Thoiry à l'occasion
des "journées Marais"...
J.V Oui
! Nous organisons régulièrement des festivals
de musique ancienne avec des conférences, master-class,
concerts qui donnent l'occasion de découvrir "live" tout ce
patrimoine.
EdV :
Quels sont vos projets ?
J.V :
Nous cherchons une résidence permanente pour le musée et l'académie
où nous pourrions accueillir les amis d'"Orpheon". La collection
y serait installée avec un institut pour la pratique instrumentale,
un studio d'enregistrements...
EdV :
A quel endroit ?
J.V :
Et bien, plus particulièrement dans le Sud de la France ou
en Italie: un château, un monastère (en tout cas un lieu de
caractère...) près de la Méditerranée !
EdV :
C'est un appel à propositions ?
J.V :
Mais oui, bien sûr!
EdV :
Quels sont vos projets discographiques ?
J.V :
Nous avons par le passé enregistré beaucoup de musique de consort.
Actuellement, Orpheon travaille sur des enregistrements de
pièces de viole de Marais, de Forqueray,
de musique espagnole du XVIe siècle, de sonates de J.S.
Bach ainsi que de C. Ph. E. Bach...
Philippe
Saint-Marc (l'Echo de la Viole)
Extrait
du Bulletin de la Société française
de viole : l'Echo de la Viole n°7
CV
de José Vazquez
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