mise à jour du 21-Fév-2020 |
"Agréments " Concert au Château de Thoiry en novembre 2008 - Stage de flûte baroque et continuo | ||||
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"Il y en a beaucoup, qui font un très mauvais usage aussi bien de tous les agrémens arbitraires, que des ports de voix & autres agrémens essentiels. Pourvu que le tems & leurs doigts le permettent, ils ne laissent échapper aucune note, sans y ajouter quelque chose. Ils affaiblissent le chant par de trop fréquens ports de voix & accents, ou ils le rendent trop bigarré par une surabondance de toute sorte de tremblemens, de mordants, doublés, battemens, &c. Souvent ils s'en servent pour des notes, où une oreille qui n'est faite qu'à demi à la Musique, comprend d'abord, qu'ils n'y conviennent point. S'il arrive qu'un Chanteur célèbre fait les ports de voix d'une manière qui surpasse le commun en agrément, aussitôt la moitié des Chanteurs de la nation commencent à gémir, & à ôter par leur désagréables plaintes tout le feu jusqu'aux piéces les plus vives, croyant par-là égaler ou même surpasser en mérite ce grand Chanteur. Il est vrai que les ornemens dont nous avons parlé, sont essentiellement nécessaires à une bonne expression. Toutefois il faut s'en servir avec modération, ne devant jamais faire des excès en ce qui est bon.Les mets les plus exquis & les plus délicats excitent le dégout, lorsqu'il faut les prendre trop souvent. II en est de même des agrémens dans la Musique, quand on s'en sert avec profusion, & qu'on cherche d'en accabler l'oreille. Un chant majestueux & vif devient bas & simple par un mauvais usage des ports de voix; & une mélodie triste & tendre devient gaïe & brusque par de trop fréquens tremblemens & par une surabondance d'autres agrémens; les pensées du Compositeur en sont dans l'un & l'autre cas gatées. De même que les agrémens rendent une piéce meilleure, quand on les employe à propos, ils peuvent aussi la rendre mauvaise, quand on s'en sert mal à propos. Ceux qui souhaitent fort d'acquérir le bon gout, & ne le possèdent pas encore, tombent le plus facilement dans cette méprise. Faute de sentiment délicat, ils ne savent pas traiter comme il faut la simple mélodie; ils s'ennuyent, pour ainsi dire, de la noble simplicité. Voulant donc éviter de pareilles fautes, il faut s'appliquer de bonne heure, à ne chanter ou jouer d'une manière ni trop simple ni trop bigarrée, & à mêler toujours le simple avec le brillant. Il faut se servir des petits ornements, comme on se sert des épices dans les mets, et prendre pour règle le sentiment qui domine à chaque endroit : alors on en fera nullepart ni trop ni trop peu, et on ne changera jamais une passion en une autre. " "Afin qu'un Ecolier acquière
aussi une idée générale de la différence
du gout de la Musique, il faut qu'il connaisse les piéces
caractérisées des différentes nations & provinces, & qu'il
les apprenne à jouer chacune dans son genre. La
diversité des piéces caractérisées
est plus fréquente dans la Musique Française & Allemande,
que dans l'Italienne & dans celle des autres nations.
La Musique Italienne est moins bornée que toute
autre; mais la Française l'est presque trop, d'où vient
peut- être que dans la Musique Françoise le
nouveau semble toujours avoir de la ressemblance avec le
vieux. Toutefois il ne faut point mépriser la méthode
de jouer des François, on doit plutôt recommander à un
Apprentis de mêler la propreté & la clarté des
François avec l'obscurité des joueurs d'instruments
Italiens. Johann Joachim Quantz : Essai d'une méthode pour apprendre à jouer de la flute traversière avec plusieurs remarques pour servir au bon goût dans la musique le tout éclairci par des exemples et par xxiv. tailles douces (Chez Chretien Frederic Voss, 1752) |